Barrières et recommandations |
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I. Pourquoi et comment développer l'éolien en France A. Les raisons B. Les conditions nécessaires et préalables II. Pourquoi et comment encourager le financement local de l'éolien A. Les raisons B. Les contraintes et les solutions I. Pourquoi et comment développement léolien en France A. Les raisons Les énergies renouvelables némettent pas de gaz à effet de serre, cause majeure des changements climatiques. Elles ne produisent pas des quantités importantes de déchets, certains hautement dangereux et à durée de vie extrêmement longue. De plus, les ressources auxquelles font appel les EnR sont par définition inépuisables, puisquil sagit de flux physiques plus ou moins énergétiques et plus ou moins matériels, depuis le rayonnement solaire jusquau bois. Cest pourquoi, associées à des efforts de sobriété (réduction des besoins) et defficacité (amélioration des performances des appareils de consommation), elles constituent le troisième et indispensable pilier de tout système énergétique se voulant compatible avec le développement durable. En ce qui concerne lélectricité, la France a longtemps été parmi les pays européens ayant le plus recours à des sources renouvelables pour couvrir ses besoins, notamment grâce à la production hydro-électrique. Déjà fortement présente dans les régions montagneuses (Alpes et Pyrénées notamment) avant la seconde guerre mondiale, lhydro-électricité sest surtout développée entre 1950 et 1960 grâce à la construction de grands barrages sur la plupart des fleuves et des rivières jusquà couvrir près de 15% de la consommation actuelle. Dans la dynamique du Livre Blanc de la Commission Européenne de 1998 et des engagements de Kyoto, la France sest engagée à travers la Directive sur la promotion de lélectricité dorigine renouvelable, adoptée en septembre 2001, à augmenter cette proportion délectricité dorigine renouvelable à hauteur de 21 % en 2010. Du fait de la saturation du potentiel hydro-électrique, de la maturité industrielle très relative du photovoltaïque et de linertie de la mise en uvre des filières ex-biomasse (bois ou biogaz), léolien se présente aujourdhui comme étant de loin la principale technologie susceptible de permettre à la France de remplir ses engagements. Selon les sources et les méthodes de calcul, il faudrait ainsi avoir installé entre 10000 et 14000 MW déolien en 2010. Les 230 MW effectivement opérationnels fin 2003 rappelle cruellement limportance du retard. Bien que ce challenge puisse sembler difficile à relever compte tenu des difficultés rencontrées sur le terrain pour la réalisation des projets, il est parfaitement compatible avec le potentiel physique de la France. Notre pays dispose du deuxième gisement éolien dEurope après la Grande-Bretagne, estimé à 50 000 MW dont 30 000 en offshore. Le développement accéléré de léolien en France doit donc être considéré comme un objectif dintérêt général hautement stratégique. Sa contribution positive au développement économique, à lemploi industriel et à la sécurité dapprovisionnement sajoute à ses qualités en matière denvironnement. Les projets éoliens, selon la manière dont ils sont mis en uvre, constituent également des supports efficaces au développement local et durable des territoires ruraux. B. Les conditions nécessaires et préalables Introduction Bien quelle ait atteint un haut degré de maturité technique et industrielle grâce aux efforts de pays comme le Danemark ou lAllemagne qui ont soutenu son développement depuis une vingtaine dannée, la filière éolienne nest pas encore en mesure de soutenir une concurrence directe avec les sources conventionnelles de production délectricité comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou le nucléaire. Tout le monde reconnaît aujourdhui que ces dernières bénéficient toutes à des degrés divers de trois avantages majeurs : - La non-prise en compte dans leurs prix de vente courants du coût indirect des impacts quelles infligent à lenvironnement ou à la santé à court, moyen et long terme (les « externalités négatives»), ce qui leur confère un extraordinaire avantage compétitif - Le bénéfice de financements publics massifs qui sapparentent de fait à des subventions plus ou moins directes, par exemple pour la R&D, la gestion des déchets toxiques à longue vie, la couverture des risques industriels, les contingences géopolitiques (conflits armés ou non). Cela induit une distorsion de concurrence impossible à surmonter. - Lantériorité historique qui leur confère un soutien sans faille de groupes dintérêt aussi puissants et bien établis que variés. La mise en place dun instrument fiscal de type écotaxe ou pollu-taxe, qui est en cohérence avec le principe même de développement durable, renforcerait la compétitivité des énergies renouvelables en leur apportant une source de financement pour leurs besoins leur développement. Elle signerait de manière éclatante lengagement politique à long terme des dirigeants. En labsence daccord entre États, toutes les filières renouvelables ont besoin, à des degrés divers et selon des modalités diverses, de bénéficier de mécanismes de compensation . Basés sur le principe de la discrimination positive, ils doivent permettre à chaque filière de disposer du temps nécessaire pour trouver son équilibre économique grâce à la baisse des coûts liés aux évolutions technologiques et à leffet de série. Cette approche strictement économique est nécessaire mais loin dêtre suffisante. Linstallation déoliennes doit également tenir compte dun contexte technique et administratif. Laccès aux réseaux électriques de distribution (moyenne tension) ou de transport (haute tension) doit être garanti et équitable. En particulier, le partage des coûts de mise à niveau (extensions et renforcements) entre les producteurs éoliens et les gestionnaires des réseaux ne doit pas pénaliser outre mesure les premiers. La simplification des procédures administratives tant pour laccès au réseau quau cours du développement des projets, doit se poursuivre. Lévolution récente de la fiscalité locale pourrait devenir un point de blocage important et doit être prise en considération. Enfin, et cest un point crucial pour lavenir de léolien à terre, il faut toujours gardé à lesprit que les parcs sont implantés au sein de territoires qui présentent chacun des caractéristiques environnementales, paysagères et sociales propres. Lintégration territoriale réussie, indispensable pour permettre un développement soutenu et harmonieux de la filière éolienne, nécessite alors de tenir compte notamment des trois éléments suivants : La « programmation spatiale », un terme de jargon qui désigne un processus destimation des capacités daccueil des parcs éoliens sur un territoire donné, selon des critères techniques, dusages, environnementaux, paysagers, Cette évaluation est plus ou moins précise selon léchelle de territoire envisagée, depuis celle de la région à celle dune communauté de communes. La mise en uvre de démarches de communication est essentielle pour mener dans de bonnes conditions ces réflexions daménagement territorial, et cest particulièrement vrai lorsque se place à une échelle intercommunale. Cette communication devrait également être régulière au cours du développement des projets, particulièrement au cours des phases initiales. Elle permet danticiper collectivement les évolutions annoncées, de réduire les inquiétudes, de renforcer lappropriation locale et par la même lacceptation des projets. Cela nécessite limplication de toutes les catégories dacteurs locaux concernés (municipalités, services de létat, associations, riverains, propriétaires fonciers sous-traitants potentiels, etc.), au-delà des simples obligations légales (enquête publique). Parmi les modalités dimplication, le financement local ouvre la possibilité à la population riveraine des projets éoliens de participer à linvestissement, même sil sagit de montants limités. Localement, cela exprime très concrètement une appropriation sociale réussie des projets. Plus largement, linvestissement citoyen via des fonds spéciaux ou des appels publics pourrait permettre une implication plus large de la société civile dans le développement dune filière énergétique durable. 1. Lengagement politique à long terme Vu de lextérieur, lengagement politique des dirigeants français en faveur des énergies renouvelables en général et de lénergie éolienne en particulier ne fait aucun doute. La Loi de février 2000 a ainsi consacré lintérêt général attaché au développement de ces technologies de production délectricité et a donné les bases juridiques indispensables à la mise en uvre de mécanismes de soutien qui ont fait lobjet de textes légaux ultérieurs. Cet engagement sest par la suite inscrit dans la perspective de la Directive 2001-77 sur la production délectricité à partir de sources renouvelables. Réitéré par le nouveau gouvernement après le changement de majorité parlementaire en 2002, il sest traduit notamment par la publication le 7 mars 2003 de la Programmation Pluriannuelle des Investissements qui prévoit un objectif de 2 000 à 6 000 MW pour la filière éolienne en 2007. On peut néanmoins sinterroger sur lécart entre lobjectif haut et lobjectif bas. Finalement, il semble donc que cet engagement fasse lobjet dun large consensus au sein de la classe politique française, ce qui devrait lui offrir la continuité politique requise. Cette évolution détat desprit et la nouvelle réglementation ont induit le décollage extrêmement rapide du marché éolien français, entraînant à partir de 2001 une activité particulièrement soutenue des développeurs de projets dans les régions ventées de lHexagone. Mais après plusieurs années dintense activité, force est de constater que lattente a été assez largement déçue avec seulement 230 MW installés fin 2003. Ceci peut sexpliquer en grande partie par un cadre juridique et des procédures administratives dont ladaptation nécessite un peu de temps. Un certain nombre dindices factuels laissent penser non seulement que la volonté politique affichée nest pas encore parvenue à vaincre les réticences et les habitudes dun certain nombre de protagonistes incontournables (administrations nationales et locales, gestionnaires des réseaux électriques, etc.). On peut également penser que la problématique « Aménagement du territoire » qui entoure le développement de léolien est en partie liée à cette situation. Ce qui serait plus grave, cest que la volonté politique puisse faiblir. On retiendra en particulier les interrogations affichées de manière permanente par le régulateur (la Commission de Régulation de lEnergie) à lencontre du principe même des tarifs dachat, bien que les avis motivés sur les mécanismes mis en place par le législateur ne relèvent pas de ses compétences. Par ailleurs, on peut relever dans la presse locale ou nationale des déclarations résolument opposées soit aux tarifs dachat, soit aux énergies renouvelables, soit spécifiquement à la filière éolienne de la part délus locaux ou de parlementaires de tous bords. Enfin, le temps extrêmement long mis pour lélaboration et la publication de la circulaire aux préfets du 24 septembre 2003, alors que son contenu en était connu depuis plusieurs mois, a révélé un certain manque dempressement à arbitrer en faveur de léolien. Cela a été dautant plus dommageable quil a conduit à de nombreuses situations de blocage sur le terrain au cours de cette période dattente. 2. Les mécanismes de compensation Lexpérience acquise par la mise en uvre peu concluante du programme Eole 2005, basé sur des appels doffres périodiques, a conduit à deux faits majeurs : - laffirmation dans la loi du 10 février 2000 de la pertinence et de la légitimité au regard de lintérêt général des mécanismes de compensation en faveur des énergies renouvelables, - le choix dun mécanisme qui a le plus incontestablement fait la preuve de son efficacité à moindre coût, à savoir les tarifs dachat garantis. Bien que ce ne soit pas le cas pour toutes les filières, les niveaux et la méthode de mise en uvre du tarif éolien figurant dans larrêté du 8 juin 2001, largement inspiré du modèle allemand (loi EEG de mars 2000), ont été jugés globalement satisfaisants par les opérateurs nationaux et européens du secteur. Le taux de rentabilité interne implicitement garanti, la durée du contrat de vente de lélectricité à EDF (15 ans) et lindexation sur linflation annuelle pour les contrats en cours en constituent les éléments les plus positifs. Ces éléments foncièrement positifs ne doivent cependant pas cacher deux défauts importants mis en exergue dès lorigine par les organisations professionnelles du secteur. Ils nont pas encore fait lobjet des modifications nécessaires pour parfaire le dispositif. Le premier est la limitation du bénéfice des tarifs dachat à une puissance de 12 MW, une disposition sans fondement et totalement spécifique à la France, inutilement pénalisante pour un certain nombre de projets, et qui a de plus été durcie par lintroduction dune distance minimale de 1500 mètres entre deux installations (Loi n° 2003-590 du 2 juillet 2003). Le deuxième est le mécanisme automatique de baisse du tarif pour les nouveaux contrats au taux de 3,3 % chaque année, jugé dautant plus excessif que la durée nécessaire pour lobtention de toutes les autorisations est particulièrement longue en France (4 à 5 ans contre 2 à 3 dans la plupart des autres pays européens). Ce taux jugé à lorigine acceptable par les organisations professionnelles sest révélé extrêmement pénalisant à lusage, rendant nécessaire sa révision dans les meilleurs délais. 3. Laccès au réseau Après une première période de plusieurs semestres marquée par une absence de règles laissant un pouvoir discrétionnaire aux gestionnaires des réseaux électriques avec pour conséquences des coûts et des délais de raccordement très pénalisants et rarement justifiés, le Régulateur (CRE) a fini par imposer la mise en place dune procédure de concertation entre les gestionnaires des réseaux et les producteurs éoliens. Cette concertation a permis de clarifier les règles du jeu, en organisant notamment la file dattente des demandes de raccordement en fonction de critères objectifs et incontestables comme la notification du délai dinstruction des permis de construire par ladministration préfectorale. De même, une amorce de règle de partage des coûts, ainsi quune nomenclature des travaux et des coûts associés a permis aux producteurs de se faire une idée un peu plus précise des contraintes auxquelles ils risquent dêtre confrontés. Mais il reste beaucoup à faire dans ce domaine particulièrement délicat et sensible pour les opérateurs éoliens. Il serait nécessaire dinstaurer des bases juridiques claires concernant notamment : - les règles de partage des coûts de renforcement ou dextension des réseaux en fonction de critères objectifs permettant de concilier lintérêt général de la production éolienne et la pertinence économique des travaux éventuellement nécessaires - la prééminence de lobligation de résultat sur lobligation de moyens pour le choix des architectures et des composants techniques nécessaires à la sécurité des installations de production et des réseaux - la possibilité de mise en concurrence des entreprises prestataires des travaux de raccordement, mais surtout dextension/renforcement, de façon à limiter les effets pervers de la situation actuelle de monopole, qui ne se justifie guère sur ce segment dactivité - les règles de priorité daccès pour lévacuation de lélectricité produite par les différentes sources, qui doivent pour être cohérentes se fonder sur deux principes simples : --- priorité aux énergies renouvelables sur toutes les autres (principe de moindre impact environnemental) --- priorité aux sources les moins stockables parmi les énergies renouvelables (par exemple priorité au solaire et à léolien sur lhydraulique, ou de lhydraulique sur la biomasse). 4. Les procédures administratives A défaut dune réelle simplification des procédures administratives applicables aux projets éoliens, des efforts louables de clarification juridique et réglementaire ont été réalisés depuis lacte législatif fondateur qua constitué la loi du 10 février 2000. Ces efforts marqués notamment par la publication de la circulaire aux préfets du 24 septembre 2003 ont cependant été régulièrement perturbés par des initiatives intempestives aux niveaux législatif, réglementaire ou administratif qui ont fait perdre un temps précieux et ont surtout donné des signaux contradictoires aux opérateurs de terrain, en particulier les développeurs et les collectivités locales. A la suite de ce premier exercice, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre un degré de fluidité suffisant pour permettre le développement harmonieux de léolien en France et se conformer aux dispositions de larticle 6 de la Directive 2001-77, qui mérite dêtre rappelé in extenso : Article 6 Procédures administratives (1) Les États membres ou les organismes compétents désignés par les États membres évaluent le cadre législatif et réglementaire existant concernant les procédures d'autorisation ou les autres procédures prévues à l'article 4 de la directive 96/92/CE, applicables aux installations de production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables en vue de: - réduire les obstacles réglementaires et non réglementaires à l'augmentation de la production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables, - rationaliser et accélérer les procédures au niveau administratif approprié, et - veiller à ce que les règles soient objectives, transparentes et non discriminatoires, et tiennent dûment compte des particularités des différentes technologies utilisant des sources d'énergie renouvelables. (2) Les États membres publient, au plus tard le 27 octobre 2003, un rapport sur l'évaluation visée au paragraphe 1, indiquant, le cas échéant, les actions entreprises. L'objet de ce rapport est de fournir, lorsque ceci est pertinent dans le cadre législatif national, un aperçu de l'état notamment de: - la coordination entre les différentes administrations en matière de délais, de réception et de traitement des demandes d'autorisation, - l'établissement de lignes directrices éventuelles pour les activités visées au paragraphe 1 et la faisabilité d'une planification rapide pour les producteurs d'électricité utilisant des sources d'énergie renouvelables, - la désignation d'autorités agissant en qualité de médiateur dans les litiges entre les autorités chargées de la délivrance des autorisations et les requérants. (3) Dans le rapport visé à l'article 8 et sur la base des rapports des États membres visés au paragraphe 2 du présent article, la Commission évalue les meilleures pratiques en vue de réaliser les objectifs visés au paragraphe 1. Le rapport prévu par le point (2) na apparemment fait lobjet daucune publication à la date prévue du 27 octobre 2003, ni ultérieurement. Au-delà des obligations légales qui devraient simposer à lÉtat français, des actions concrètes pourraient être engagées rapidement dans la perspective de la mise en place du « guichet unique », qui nest malheureusement pas considéré officiellement comme un objectif à atteindre. On peut relever laction importante que mène depuis début 2003 lADEME en matière de formation et de sensibilisation des agents de lEtat affectés à linstruction des dossiers. 5. La fiscalité locale Les EPCI (Etablissement public de coopération intercommunale) qui se généralisent progressivement sur le territoire national ont fait apparaître un nouveau principe de répartition de la taxe professionnelle (TP), la TP unique (TPU), ou dans certains cas, la TP de zone (TPZ). Lorsque la TP est communale, elle crée des heureux mais également des déçus, les communes voisines qui ne perçoivent rien malgré parfois la présence visuelle des éoliennes. La TPU engendre également des tensions car le bénéfice de cette fiscalité locale liée à linstallation des éoliennes sur une commune ou des communes voisines est alors diluée au sein de la structure intercommunale, ce qui nest pas toujours perçue comme légitime par les élus directement concernés. Certains élus deviennent ainsi réticents à soutenir des projets qui pouvaient se monter sur leur commune. Lexonération partielle de TP qui a été instaurée par lEtat dans le but de favoriser les investissements dans les énergies renouvelables réduit dailleurs dautant la TP perçue par lintercommunalité et donc par les communes plus concernées par les projets. Curieusement en effet, la compensation par lÉtat, qui se pratique pour certaines catégories dinvestissement, na pas été prévue pour léolien. Le versement par lEtat de cette compensation aurait probablement pour effet de faciliter les négociations complexes dans lesquelles sont engagées localement les élus autour de lépineuse question de la répartition fiscale liée à léolien. Une refonte des principes et de la méthodologie de calcul de la fiscalité locale spécifique aux énergies renouvelables pourrait opportunément être mise en chantier. 6. La « programmation spatiale » Le nouveau système tarifaire a eu pour effet dattirer sur le marché français de nouveaux opérateurs, européens notamment, et lon constate depuis 3 ans une multiplication des projets sur le terrain. Le repérage des sites par les opérateurs, à des échelles communales, ne tient généralement pas compte des développements éoliens en cours dans le secteur environnant et notamment dans la zone dinfluence visuelle de leurs projets. Sur certains territoires favorables au développement de léolien, lapparent manque de cohérence territorial des projets dimplantation peut susciter des inquiétudes de la part des habitants qui craignent de « voir des éoliennes partout », des élus, qui doivent saccorder sur les questions de fiscalité locale et sont soumis aux interrogations de leurs administrés, et bien sûr des services de lEtat chargé de linstruction individuelle des permis de construire. Plusieurs démarches visant à établir une cohérence spatiale des implantations ont été menées ces derniers mois. Au niveau régional, sous limpulsion de lEtat, de lADEME et des Conseils Régionaux, des cartes des potentiels régionaux ont été élaborées. Sans mettre en évidence des zones précises dimplantation, la démarche permet détablir des zonages de sensibilité en regard de limplantation des éoliennes et destimer un potentiel théorique daccueil. Des démarches similaires ont également été menées par certains départements. Cest le cas du Finistère qui a élaboré une charte éolienne qui met également en évidence des zones de sensibilité variables. Ces chartes sont accompagnées de recommandations à destination des opérateurs. Lobjectif est déviter que des projets voués à léchec dans certains secteurs ne soient initiés par des opérateurs. Cependant, la tentation est grande pour certains services décentralisés de létat détablir ces documents sans concertation, pour limiter le développement de léolien en faisant la part belle aux critères paysagers et urbanistiques. Ces actions de programmation spatiale à léchelle régionale et départementale permettent de recadrer le développement des projets mais léchelle intercommunale doit être aussi privilégiée. Laction territoriale est en pleine évolution : renforcement de lintercommunalité, nouveaux territoires de projets, refonte des documents durbanisme, le tout sous-tendu par une stratégie de développement durable. Dans ce contexte, les élus locaux auront à cur de se pencher sur la place de léolien au sein de leurs territoires et ce à une échelle désormais cohérente. Dans certains secteurs sensibles ou fortement prospectés, les acteurs locaux doivent proposé un schéma territorial cohérent pour léolien. Cette démarche prospective constitue probablement le meilleur moyen danticiper les tensions sociales et de sécuriser les futurs projets. Il est essentiel que ces analyses intercommunales, testées avec succès par certaines collectivités locales, puissent être accompagnées de démarches de concertation faisant appel à lensemble des acteurs concernés : les élus en premier lieu, les représentants associatifs et de la société civile et les services de lEtat. Les opérateurs déjà présents sur le terrain doivent bien sûr être consultés. En fonction de la taille du territoire, lutilisation dun système dinformation géographique constitue un outil précieux pour lanalyse et un excellent support pour léchange. Une fois les zones dimplantation potentielles repérées par extraction successives des servitudes techniques et des différentes contraintes, environnementales notamment, lintervention dun paysagiste permet de mettre en évidence les relations des sites avec les structures paysagères existantes et les relations visuelles des sites entre eux. Il est clair que la zone dinfluence visuelle dun parc éolien ne sarrête généralement pas aux limites de la commune concernée. Au terme de la démarche, le zonage établi par le groupe de travail, au sein duquel les services de lEtat concernés par les projets ont eu tout le loisir dexprimer leurs recommandations, doit être validé par les élus communautaires. A ce stade, ce « schéma intercommunal » nest en aucun cas opposable au tiers. Il peut le devenir si les sites sont intégrés dans les documents existants. Cette démarche de programmation spatiale est parfois mal comprise par les opérateurs qui craignent de voir les sites quils étudient être exclus du schéma final. Une nouvelle fois, les opérateurs doivent être associés à ces réflexions. Elle peut également être perçue par ces derniers comme une contrainte supplémentaire à celles, administratives, auxquelles ils sont déjà soumis. Lobjectif est tout autre. Lassociation des services de lEtat, qui ne permet bien sûr pas de faire léconomie de létude dimpact réglementaire, permet danticiper certains problèmes qui pourraient apparaître ultérieurement au moment de linstruction. Le risque inhérent à lacquisition des droits et notamment du permis de construire sen trouve logiquement diminué, sans être totalement absent. Ces réflexions territoriales concertées peuvent aussi réduire le risque des investisseurs locaux qui souhaiteraient financer la phase de développement. LADEME a élaboré sur ces problématiques un guide très complet qui peut être téléchargé sur son site Internet www.ademe.fr : « guide dinsertion social et territorial de léolien ». 7. La communication (information, consultation, concertation) Passée sous silence par les initiateurs des mécanismes de soutien, la question de lacceptation sociale des projets sest révélée dans la pratique lune des questions les plus délicates à traiter par les opérateurs sur le terrain. Les conflits trouvent souvent leur origine dans labsence ou la carence de communication de lopérateur vis-à-vis des acteurs locaux. La mise en uvre dactions de communication est essentielle au cours du développement des projets éoliens où au cours des démarches de programmation spatiale, notamment à léchelle intercommunale. Les projets éoliens ne manquent pas de soulever de nombreuses interrogations. En labsence de réponses rapides, un sentiment dinquiétude peut naturellement sinstaller chez les personnes les plus concernées, notamment les riverains des parcs et les organisations de protection de lenvironnement. Si ces inquiétudes perdurent, se cristallisent, le risque de voir les acteurs concernés glisser vers des logiques dopposition est alors très important. Une fois que le conflit sest installé, il est souvent très difficile de le maîtriser. Chaque conflit a sa particularité. Certains opposants, ou réseaux dopposants, sont par principe opposés à léolien et la marge de manuvre dans ce cas est très étroite. Il est de toute façon illusoire de trouver un consensus général sur les conditions de réalisation dun projet daménagement. Communiquer, cest anticiper les tensions et créer les conditions dappropriation progressive des projets par les acteurs locaux. II. Pourquoi et comment encourager le financement local de léolien A. Les raisons Linstallation déoliennes modernes au sein dun territoire nest pas un acte daménagement anodin. Ces grandes machines engendrent notamment une évolution évidente de lespace visuel dans lequel elles sont implantées. Comme cela a été maintes fois constaté chez nos voisins allemands ou danois, la réussite dun projet repose sur son intégration sociale, en dautres termes, sur son degré dappropriation. Si la mise en uvre dune stratégie efficace de communication avec les acteurs locaux est essentielle, la participation financière des acteurs locaux au projet est un facteur clé de lacceptation. Elle représente le stade ultime de limplication locale en symbolisant un engagement très concret de la population dans le développement durable. Même si elle nest pas toujours possible, elle devrait toujours être considérée comme hautement souhaitable et de ce fait systématiquement envisagée. Il apparaît également assez logique que les personnes qui auront à vivre durablement dans le voisinage des éoliennes puissent disposer, si elles le souhaitent, de la possibilité den tirer un profit, de recevoir une certaine forme de compensation. On peut aussi remarquer quun parc éolien constitue une activité de nature économique qui génère de la richesse à partir dune ressource locale, le vent, qui nappartient pas seulement aux propriétaires des terrains les plus propices à limplantation des turbines, mais à lensemble de la communauté humaine qui vit sur le territoire concerné. Ceci constitue le postulat de départ du projet WELFI. Linvestissement local constitue un enjeu stratégique important pour le développement soutenu et harmonieux des projets éoliens en France. Dans certaines zones rurales reculées, lénergie éolienne représente par ailleurs lune des rares chances denrayer le déclin économique et lexode rural en offrant une opportunité de développement économique solide et durable. Du fait de ces caractéristiques technico-économiques, léolien pourrait aussi constituer une complémentarité crédible et sûre aux systèmes de financement des retraites actuellement en place. Plusieurs modalités de participation financière par la population (particuliers, agriculteurs, entreprises locales, ) peuvent être envisagées : 1- le développement est financé (en partie ou en totalité) par des investisseurs locaux qui apportent également (en partie ou en totalité) les fonds propres nécessaires au financement global. . En participant à la phase de développement, les investisseurs locaux assument alors le risque inhérent à lacquisition des droits et notamment à lobtention du permis de construire. Ils peuvent en contrepartie valoriser cette prise de risque, comme le pratique les développeurs éoliens classiques. A travers des réseaux informels régionaux, des groupes de particuliers sont parvenir à se réunir au sein de structures dinvestissement, généralement des SAS ou des SA et disposent des fonds nécessaires au financement de projets. Dans certains cas, ces sociétés souhaitent sengager encore plus intimement et participer également au financement de la phase de développement. Nous ne rappellerons jamais assez que dans ce cas, les porteurs de projets locaux doivent absolument sattacher les services de professionnels compétents pour les accompagner. 2- Le financement par les acteurs locaux peut aussi nintervenir quaprès lobtention des droits par un développeur qui souhaite quune participation citoyenne intervienne dans lapport en fonds propres. Dans ce cas, les investisseurs locaux réduisent considérablement leur prise de risque, avec logiquement une rentabilité moindre. Cest probablement ce cas qui pourrait à lavenir être le plus fréquent dans les mesures où la grande majorité des sites actuellement développés le sont par des opérateurs spécialisés dans léolien. L'investissement local dans l'éolien se développera si les opérateurs déjà installés au sein des territoires acceptent et prévoient le principe d'ouverture de leur capital. 3- Enfin, à côté de cet investissement strictement local (au sein du territoire directement concerné par le projet), il faut également envisager linvestissement par des particuliers éloignés des sites dimplantation, qui souhaitent participer au financement dune activité synonyme de développement durable. Nous parlons dans ce cas dinvestissement citoyen (linvestissement local lest également). Cet engagement citoyen peut permettre aux développeurs de mobiliser les fonds propres nécessaires au financement des projets, une fois les droits acquis. B. Les contraintes et les solutions 1. Introduction Actuellement en France, on ne compte que quelques exemples de projets dont les fonds propres sont en partie ou en totalité apportés par des particuliers ou des entreprises locales. Il est clair que certains développeurs ne le souhaitent pas ou ne le peuvent pas. Cest notamment le cas lorsquils sont adossés à des sociétés dinvestissement ou directement à des industriels du secteur. Ces derniers souhaitent généralement limiter le nombre dinvestisseurs sur un projet pour des raisons de politique dentreprise, de rentabilité économique ou de lourdeur quévoque la gestion dun nombre très important dinvestisseurs. Dans ce cas, la mobilisation financière locale nest jamais proposée. Elle nest de toute façon rendue possible que si le développeur du projet et ses partenaires le souhaitent et lexpriment au cours de la phase de développement. Il est néanmoins très encourageant de constater que beaucoup dopérateurs sont aujourdhui sensibles à cette approche et sy intéressent fortement. Lidée que la sécurisation de leur investissement est en partie liée au degré dappropriation locale des projets est dans ce cas bien acquise (voir les actes du colloque européen WELFI, www.welfi.info). Appropriation, acceptation et opportunité économique : ces paramètres complémentaires devraient inciter les « développeurs de sites » à étudier systématiquement les possibilités de faire participer financièrement les populations locales aux bénéfices escomptés de la production délectricité éolienne. Rares pourtant sont ceux qui le pratiquent. Lanalyse du contexte de développement de léolien en France ces dernières années peut apporter des éléments dexplication à cette situation. Depuis la publication en juin 2001 du nouveau système tarifaire, les sociétés de développement ont beaucoup investi pour développer de très nombreux sites éoliens. Beaucoup éprouvent aujourdhui dimportantes difficultés à obtenir les permis de construire, à acquérir lensemble des droits et par conséquent à vendre leurs projets « clé en main ». Dès quelles obtiennent un permis, elles nont alors quun objectif, le vendre rapidement afin de réduire leurs endettements. Les contraintes administratives, les réticences des services instructeurs et des préfets face à la multiplication des projets et des oppositions locales imposent finalement cette logique financière aux développeurs. La réduction des multiples difficultés auxquelles sont confrontées les opérateurs est dune importance capital pour leur permettre dappréhender plus sereinement la participation financière citoyenne et de lenvisager concrètement. En plus de ce contexte national encore difficile, les développeurs éoliens, locaux ou non, restent soumis à une série de contraintes qui ne facilitent pas la mobilisation financière citoyenne. Nous mettons en exergue les points suivants : - La réglementation de la collecte de fonds - Les outils financiers - Les statuts juridiques des entreprises - Promotion auprès des acteurs concernés 2. La réglementation de la collecte de fonds De ce point de vue, la France se distingue en Europe par une réglementation extrêmement rigoureuse et mal adaptée dune manière générale aux projets de taille modeste et notamment aux projets dinitiative locale. Contrairement à la plupart des pays européens, lappel public à lépargne est très fortement encadré en France, puisquil est nécessaire dobtenir un visa préalable de lAutorité des Marchés Financiers (AMF, ex COB) pour être autorisé à contacter, par voie de publicité, plus de 100 personnes, au risque de sanctions très sévères. Cette réglementation existe également en Angleterre ou en Allemagne mais est plus souple et mieux adaptée. Les développeurs qui souhaitent aujourdhui en France mobiliser des investisseurs citoyens via un appel public à lépargne, doivent sengager obligatoirement dans une procédure dautorisation préalable lourde, longue et relativement coûteuse. Le représentant de la TRIODOS Bank Belgique présent au colloque WELFI, Jan Poppe, estimait quant à lui quil est très difficile denvisager de monter de tels dossiers pour des projets inférieurs à 12 MW. Il est quand même important de rappeler que cette réglementation a pour objectif explicite de protéger les petits épargnants de propositions hasardeuses voire malhonnêtes qui pourraient les conduire à la perte de leurs économies, ce qui est parfaitement louable et respectable. Dans le cadre de léolien, la mise en place de lobligation dachat et des tarifs associés répond justement à lobjectif de garantir aux investisseurs un taux de rentabilité raisonnable leur permettant, dès lors que les études techniques ont été correctement menées, de sécuriser leurs investissements sur les 15 ans de la durée du contrat de vente délectricité à EDF. On peut donc considérer que le mécanisme en vigueur a pour effet de ranger linvestissement dans léolien parmi les placements de « bon père de famille », peu risqué et raisonnablement rémunérateur. Ceci est en outre parfaitement corroboré par les expériences danoises et allemandes, qui ont permis le développement à très grande échelle dun actionnariat populaire direct sans inconvénient majeur. De ce fait, la protection actuelle offerte par lencadrement de lappel public à lépargne apparaît inutilement pénalisante pour le secteur éolien, du moins selon la procédure actuelle. Un assouplissement des règles et une simplification des dossiers représenteraient sans nul doute un signe positif et efficace. De plus, ces dossiers sont directement examinés par les services de lAMF à Paris. En Allemagne, les documents dappel public pour le financement des projets éoliens sont visés par des « experts aux comptes » qui peuvent être consultés au sein des Régions (Lander). En dehors de lappel public à lépargne, la mobilisation financière locale reste possible mais doit être menée en labsence de toute publicité, en sappuyant uniquement sur lactivation de réseaux informels locaux. Cela nest envisageable que si le développeur exprime très tôt le souhait douvrir le capital de la société dinvestissement aux acteurs locaux. Il doit alors sengager dans une démarche plus longue de mise en synergie des acteurs qui impose une présence importante sur le terrain. 3. Les outils financiers Parallèlement à un manque de tradition dans le domaine du financement de proximité des projets économiques locaux, à cette réglementation restrictive dans le domaine de la collecte de lépargne, on constate un manque évident doutils financiers que les établissements bancaires ou assimilés pourraient offrir tant pour la collecte des fonds que pour laccompagnement du montage et de la réalisation des projets faisant appels à linvestissement citoyen. Ces services sont particulièrement développés au Danemark et en Allemagne. Il faudra suivre avec attention la mise en place des FIP (fonds dinvestissement de proximité) qui pourraient constituer un moyen efficace et sûr de mobiliser lépargne régionale, voire interrégionale. 4. Statuts juridiques des entreprises Parmi la palette des statuts existants en droit français, aucun de ceux présentés ne se détache de manière évidente comme étant le mieux adapté au financement local de léolien. Plusieurs solutions sont envisageables mais elles dépendent avant tout du contexte, des acteurs en présence, des volontés de chacun. Les acteurs locaux qui souhaitent développer des projets ou les développeurs professionnels qui envisagent de faire appel à lépargne populaire expriment souvent le besoin de disposer de conseils juridiques spécialisés et facilement accessibles. 5. Promotion auprès des acteurs concernés La contribution du financement local à limplantation et à la pérennisation des projets éoliens se développera si les promoteurs et les investisseurs « classiques » en particulier, sont sensibilisés aux nombreux avantages quoffre cette approche. Toutefois, la sensibilisation des développeurs de projet ne suffira pas. Les collectivités publiques doivent lêtre également pour assurer un soutien politique local, départemental et régional, essentiel à la réussite de la mobilisation citoyenne. Lappropriation par les élus locaux de cette thématique est susceptible de leur fournir la matière première et les moyens opérationnels pour la mise en place dune stratégie offensive associant projets de développement économique et participation citoyenne active à la lutte contre les grandes menaces environnementales. Le secteur bancaire de proximité devrait être à la fois une cible et un vecteur privilégiés pour la diffusion des informations relatives au financement local. Le maillage important des banques au sein des territoires constitue autant de relais financiers potentiels. La mise en place de structures de conseil (conseils juridiques, financiers, communication, ) auprès des parties prenantes pourrait permettre laccompagnement des projets en émergence. Les Espaces Infos Energies (EIE) peuvent jouer un rôle efficace dinformation auprès du grand public sur lexistence de ces possibilités dengagement financier dans léolien. Finalement, le facteur essentiel de promotion de linvestissement citoyen est certainement lengagement politique national en faveur de léolien relayé par une volonté locale exprimée par les collectivités. Cest une condition incontournable pour que les évolutions et adaptations présentées ici en faveur de linvestissement local soient rendues possibles. On peut imaginer un développement terrestre de léolien sans investissement local, qui serait probablement douloureux, de même quil existe bien dautres activités que léolien que linvestissement local pourrait intéresser. Il nen reste pas moins que léolien et linvestissement local constitue une extraordinaire opportunité en faveur dun concret développement local et durable. Il serait bien dommage de ne pas le mettre à profit. Le Cd-rom WELFI participera à ce travail de promotion et constituera une base supplémentaire de réflexion. Il faut également noter que le Comité de Liaison Energies Renouvelables a édité un certain nombre de documents sur le sujet, disponibles à ladresse Internet www.cler.org/predac/wp1. Certaines organisations comme BASE (Basel agency for sustainable energy) semploient à mettre en relation des investisseurs et des porteurs de projets. Enfin, lADEME, qui sest fortement engagée dans la récente dynamique de promotion de linvestissement local, constitue un catalyseur incontournable pour la définition des actions futures à entreprendre dans ce domaine. |